Après l'avoir ramenée à bon port, le quartier d'Alicia allait grouiller de flics. Cela lui laissait quelques heures de tranquillité. Aussi s'était-il rendu chez lui. Son lit l'attendait, il s'y écroula et s'endormit rapidement, soulagé d'un poids : la fillette était de nouveau en sécurité auprès de sa mère. Mais les mauvais rêves refirent surface : il se revoyait prisonnier de la bulle magique sous forme humaine, Aaron et d'autres sorciers l'attaquant de toutes parts dans la volonté de le tuer. Alicia, sa mère et d'autres figures du passé se tenaient à l'écart, hilares en le pointant du doigt.

Paul se réveilla en sursaut et en sueur. Il faisait jour. Il ne lui fallut pas plus d'une heure pour prendre une douche rapide et empaqueter ses affaires principales. Le reste, il l'abandonnait. Son logement était très probablement compromis, des voisins ou commerçants chez lesquels il avait ses habitudes aiguilleraient les forces de l'ordre vers ce lieu. Ou pas. En tout cas, Paul prenait ses précautions et s'assurait de ne laisser aucune information utile le concernant. Certes, ses empreintes traînaient partout, mais à ce jour il n'était pas fiché ni au Canada ni même aux US.

Le sac chargé, il quitta définitivement son appartement sans un regard en arrière. Une casquette de baseball enfoncée sur le crâne, il sortit dans la rue et scruta les environs à la recherche de toute présence policière. Rien en vue. Il s'éloigna à petits pas comme un simple quidam. Sa marche mesurée l'emmena à plusieurs pâtés de maison jusqu'à un petit snack où il ne s'était encore jamais arrêté et pris un truc à emporter. Toujours pas l'ombre d'un flic. Il s’engouffra dans une bouche de métro et prit la direction de la banlieue extérieure de Vancouver. Le voyage fut long jusqu'au terminus. Il dut encore prendre un bus et finir à pied pour atteindre l'orée de la forêt alors que la nuit commençait à s'annoncer. Une demi journée pour quitter la ville, mais en ayant pris son temps et ses précautions.

Sur son chemin de randonnée, Paul croisa plusieurs marcheurs dans le sens inverse. Le ciel se fit noir, cela faisait une bonne heure qu'il n'avait plus croisé quiconque. Il quitta le sentier pour s'enfoncer dans la forêt. Un tronc couché lui servit d'assise. Il repassa à ces dernières journées. Avant de quitter la ville, il avait contacté le patriarche Reed depuis une cabine pour lui annoncer sa venue. Son hôte était prêt à le recevoir et lui indiqua qu'une barque l'attendrait. Ils auraient des choses à se dire, sur les derniers événements, sur ceux à venir. Enfin il se leva, ôta ses chaussures, se mit torse nu et accrocha tout cela à son sac dont il détendit largement les bretelles.

Le lycan parcourut à grandes enjambées le reste du chemin. Comme prévu, Alicia Reed l'attendait. Il était arrivé à distance, plus besoin de rester sous sa forme non naturelle. Il reprit sa forme humaine avant de prendre place dans la frêle esquive et atteignit le domaine, après plusieurs années d'absence. James l'accueillit avec un verre et aussi chaleureusement qu'il le put en regard des circonstances. Ce dernier avait déjà eu vent du retour de la jeune sorcière à son domicile et semblait apprécier ce dénouement même si cela chamboulait le plan initial conçu avec Elroar. Sa propre fille ayant disparu, sans doute comprenait-il l'attachement de Paul pour la fillette, aussi étrange cela soit-il. Paul y avait mis beaucoup de lui dans cette mission sauvetage, allant jusqu'à devoir abandonner ses attaches patiemment acquises en ville.

Celle-ci avait été libérée, mais il n'en allait pas de même de tous les autres disparus et le père éploré monta le ton pour faire comprendre que maintenant il serait prêt à déclencher une guerre si cela était son dernier recours. C'était leur ultimatum. Paul comprenait maintenant grossièrement les ficelles de toute cette histoire : l'enlèvement n'avait eu surtout pour but que d'éveiller les consciences des différentes races pour impliquer tout un chacun dans cette affaire et espérer un dénouement, a minima un début d'explications à toutes ces disparitions. Mais maintenant, l'affaire traînait depuis trop longtemps sans qu'aucun indice, aucune piste, aucune suspicion d'implication réelle des McWard ne vienne en aide aux familles ayant perdu l'un des leurs. De fait, prendre les armes semblait être l'étape suivante.

Tout cela dépassait Paul. Tous ces gens impliqués voulaient-ils vraiment s'affronter dans un combat final sanglant dont peu s'en sortirait ou y avait-il quelqu'un d'autre qui tirait les ficelles pour les voir s'entretuer ? Le peu d'informations qu'il avait s'embrouillaient dans sa tête. D'ailleurs, il n'était que peu concerné personnellement pour vraiment vouloir mener une enquête approfondie. Il n'était qu'un homme de main s'étant engagé auprès des Feys en échange de la libération de la fillette. Il le devait bien aussi aux Reeds qui l'avaient plusieurs fois accueillis par le passé. Il finit de vider son verre d'un trait.

- Merci de m'accueillir James, Alicia. Je vous dois beaucoup, vous le savez, et je me suis engagé auprès d'Elroar pour vous aider à établir la responsabilité ou non des McWard.

Paul fit une pause pour mesurer ses propos et en vérifier les impacts sur ses interlocuteurs. Il était un homme d'action avant tout, s'était toujours battu quand il le fallait surtout pour se défendre. Là, les Reed annonçait vouloir mener la première offensive. C'était risqué surtout s'ils étaient attendus en face. James semblait particulièrement déterminé.

- Tout les désigne en effet. Mais c'est à la fois tellement flagrant ... comme ... comme si cela avait fait exprès. Le sorcier, Aaron, va aussi mener son enquête, je crois. Si nous avons une dernière chance de démêler le vrai du faux, nous éviterions un bain de sang. James, dites moi ce que je peux faire !

Il repensa aux différents protagonistes de l'affaire : les Reed et les Feys, les McWards principaux suspects, les Beaconsfield et les Mason, lui. D'autres événements, lointains ou plus récents, lui revinrent en tête. Un événement en particulier lui revint : l'attaque des vampires du côté de l'Opéra, le soir où il rencontra Alicia pour la première fois. Les vampires. Il chassa l'idée de son esprit, cela lui paraissait tellement inconcevable qu'ils aient pu monter une telle affaire.

C'était comme s'il avait lu dans ses pensées. Alors que Paul se remémorait sa rencontre avec Alicia, James l'interrogea à ce sujet. Il en fut surpris et jeta un regard curieux à son hôte. Ils avaient pris place chacun dans un fauteuil du salon où trônait une imposante cheminée, éteinte en cette saison. Lors de lointaines soirées hivernales, autour d'imposants feux, ils s'étaient retrouvés à ces mêmes places avec la même boisson dans un verre à échanger trois mots et surtout à profiter de la chaleur et du bruit particulier de grosses bûches se consumant dans l'âtre, profitant du calme du moment présent.

Ce soir là, l'atmosphère n'était pas apaisée. Le silence était même oppressant. Paul n'était pas venu pour une simple visite de courtoisie, leur discussion du moment ne portait pas sur des réflexions philosophiques, mais était un échange de questions et de réponses. Encore une fois, on l'interrogeait sur la nature de ses relations avec la fillette. A tout bien y réfléchir, il se demandait s'il se serait vraiment déplacé chez sa mère s'il n'avait pas reconnue cette dernière comme étant une ancienne connaissance qui l'avait profondément marqué au tout début de sa nouvelle vie. Au final, était-il plus attaché à l'humaine ou à la jeune sorcière ? Fort heureusement, ni Elroar ni James ni sans doute Aaron n'avait idée du degré d'attachement du lycan envers Elise, de leur historique lointain. Mieux valait donc taire l'implication de celle-ci ...

- Je suis tombé sur elle alors qu'un trio de vampires l'avaient prise en chasse. Pour moi au départ, c'était juste une gamine en détresse avant de découvrir ses pouvoirs. Elle était muette, se disait orpheline et ... elle n'avait pas peur de qui j'étais.

Bien qu'ils leur arrivent comme c'est le cas des Reed de vivre en meutes, la majorité des lycans mènent une vie de solitaires. Se sentant pour certains comme des monstres, traqués par les autres espèces surnaturelles, avec un contrôle plus ou moins assuré de leur seconde peau, ils évitent d'entretenir des relations avec les autres, même avec les leurs. James et sa famille sont une rare exception allant jusqu'à bâtir ce qu'on appellerait un sanctuaire, un centre d'accueils pour les loups garous pour se retrouver, partager. Mais, tout comme Paul, la plupart des visiteurs ne s'éternisent longtemps en ce lieu, préférant ne pas s'enraciner au même endroit.

A trop fuir autrui, il pouvait arriver au contraire que l'un ou l'autre finisse par trop s'attacher à la première personne venue comme on s'accrocherait à une bouée de sauvetage pour garder une patte dans le monde réel, une attache à la vraie vie, à l'humanité. Paul s'était autrefois ainsi attachée à une humaine le temps d'un week-end. Avec Alicia, il avait cru pouvoir établir un autre type de relation entre deux êtres vivants, plus amical, plus dans l'affiliation. Une compensation du manque cruel de relations entre individus qu'il ressentait depuis sa transformation.

Paul se pencha en avant, faisant grincer le bois du fauteuil, pour poser son verre vide sur la table basse. James avait à peu près le même âge que lui, mais avait été transformé et avait vécu différemment sa vie de lycan. De part son vécu, son entourage, ses rencontres, il avait une expérience différente pour ne pas dire plus approfondie, plus mature de la vie. C'était quelqu'un qu'on pouvait écouter, qui pouvait guider, tel un mentor. Paul aussi avait fini par se faire sa propre expérience de la vie à travers ses voyages, ses affrontements, ses aventures. Ils étaient de la même espèce mais avaient mené deux vies totalement différentes.

- James, c'était peut être une erreur, mais j'ai fait le choix de la prendre sous mon protection. Aucune raison à cela. Qu'importe de savoir qui l'avait enlevée, il en allait de ma responsabilité. Et aujourd'hui, il en va de mon choix de vous aider à retrouver Holly et savoir qui est le responsable. Alors, James, dites moi par où commence-t-on ?

En terme d'entêtement, James savait à quoi s'attendre de la part de son invité qui avait maintes fois quitté le refuge pour partir sur un coup de tête sans qu'aucun argument ne puisse le convaincre de rester. Paul était quelqu'un de décidé : quand bien même son choix n'était pas des plus réfléchis, des plus raisonnables, il allait jusqu'au bout des choses, de sa conviction.

Patiemment, ils l'avaient écouté jusqu'au bout sans l'interrompre quand bien même un élément de son récit avait attiré leur attention. Et alors qu'il se tenait prêt à être envoyé en mission pour enquêter sur les McWard conjointement avec les Feys et Aaron et consort, les Reeds semblaient s'intéresser maintenant aux vampires. L'attaque de ceux-ci contre la sorcière pourrait aller plus loin que le simple fait divers de l'ordre de l'altercation classique entre races surnaturelles, du jeu du chat et de la souris ... En ces temps d'enlèvements, chaque événement aussi anodin qu'il y paraisse pouvait avoir son importance.

Visiblement les Reeds gardaient encore suffisamment de recul sur l'affaire pour ne pas se focaliser sur le premier coupable idéal. Sachant qu'Elroar allait confier la mission à Aaron et au couple Mason d'aller voir du côté des McWard, ils souhaitaient envoyer Paul sur une nouvelle piste non encore explorée. C'était intelligent et sage !

Paul avait pu d'interaction avec les vampires. En effet, ceux-ci préféraient les grandes villes, un garde-manger à portée de canines ! Les lycans, de part leur nature bestiale difficilement contrôlable, se tenaient à l'écart, dans les grands espaces isolés, en pleine nature. Le rapport de force était à l'avantage de ces derniers. Toutefois, les vampires apprécient les traquer dans le seul plaisir d'obtenir un trophée de choix. Fort heureusement, la dernière altercation avait tourné en faveur du lycan malgré le surnombre.

S'en étaient-ils pris à Alicia pour un festin ou en sachant pertinemment qu'elle était une sorcière ? Rien dans ses souvenirs n'indiquait que l'attaque était ciblée. Les agresseurs n'étaient pas apparus non plus des plus sagaces pour les imaginer à la tête d'un large complot pour liguer les autres races les unes contre les autres. Ou peut-être que l'agression avait été plus simplement commanditée ... Un vampire supérieur envoyant ses subalternes commettre la basse besogne. Cela relevait du possible. Au pire, s'ils n'étaient pas impliqués, ils pourraient avoir leurs propres informations sur les troubles qui frappaient Vancouver ces dernières semaines, si Paul arrivait à en choper un en état de parler ...

Voilà en tout cas la teneur de sa nouvelle mission. C'était une piste neuve qui ne nécessitait pas forcément de prendre des gants et, qui plus est, il agirait seul. Tout pour lui plaire ! Ne restait plus qu'à savoir par où commencer ... Or, cela faisait maintenant presque 2 semaines depuis l'altercation côté Opéra. Fort heureusement, la conservation des images de vidéosurveillance peut se faire jusqu'à 1 mois, il pourrait s'en doute remonter leurs pistes jusqu'à leur repère ! Cela nécessiterait de se reconnecter au réseau de la ville, en ville. Car le réseau chez les Reeds n'était pas des plus performants ...

Paul prendrait le strict nécessaire dont son PC pour retourner enquêter à Vancouver depuis un autre quartier à l'opposé de ceux où Cooper et ses hommes devaient fourrer leur nez. Sortant son outil de travail du sac, il l'alluma et chercha vidéos et captures écran qu'il avait faites des 3 vampires et tourna l'écran vers les Reeds. Peut-être que James verrait un indice quelconque qui ne lui aurait pas sauté aux yeux.

- Voilà les 3 vampires en question. Je n'ai pas plus net. Ils formaient un trio de chasseurs : un meneur et ses 2 acolytes. Aucun signe distinctif particulier, aucun nom mentionné. A y repenser, ils ne semblaient pas surpris d'avoir affaire à une sorcière...

Le lycan laissa son mentor et sa conjointe parcourir les fichiers et s'échanger leurs réflexions. Paul prendrait un peu de repos avant de repartir. Il tiendrait James au courant. Il se leva car il ne pouvait se permettre de prendre trop de temps ici. La patience des Reeds était à bout et une guerre menaçait. Dans quelques heures, il repartirait, seul. Sur le coup, il se sentit un peu démuni surtout pour se retrouver face à une meute de vampires.

- Si ... vous aviez quelques feuilles pour moi, ce serait pas de refus.

Paul évoquait les feuilles de genévriers s'il était amené à être mordu ...

Les Reeds lui avait confié une mission. Un peu une dernière piste à explorer avant d'envisager d'entrer dans une guerre ouverte qui s'annoncerait sanglante qui risquerait non seulement d'occasionner de lourdes pertes de part et d'autre mais aussi d'attirer l'attention des humains sur les espèces naturelles qui les côtoyaient jusqu'à présent dans l'ombre.
Paul suivit Alicia. Il n'avait personnellement jamais eu à consommer de genévriers : les rares vampires qu'il avait croisés n'avaient jamais été d'une réelle menace face à sa puissance. Mais s'il devait aller jusqu'à les débusquer dans leur nid, autant prendre un minimum de précautions. D'ailleurs, à sa demande, Alicia lui rappela la meilleure méthode d'utilisation des feuilles.

Profitant d'être seul avec la matriarche, il en profita pour l'interroger sur son état d'esprit et celui de son époux. Des deux, c'était tout de même elle la première à avoir évoqué la possibilité de sortir prochainement de leur neutralité vis-à-vis du monde extérieur pour entrer dans un conflit armé.

- La guerre n'est-elle donc inévitable ?

A chaque espèce surnaturelle son mode de vie. Les vampires vivent dans les ombres nocturnes de la ville, au plus proche de leur nourriture. Les sorciers s'estimant supérieurs aux humains vivent parmi eux pour ne pas dire aux dessus d'eux, visant l'élitisme de la société, asseyant leur pouvoir et leur supériorité légitimes. Les Feys vivent en osmose avec la nature, celle-ci de moins en moins présente dans les zones urbaines. Et les lycans sont constamment dans la fuite, fuyant à la fois le monstre en eux et les autres pour qui ils sont par trop considérés comme des proies, bêtes estimées inférieures et nuisibles.
De fait, les hostilités n'avaient qu'à de très rares fois été ouvertes par leur espèce. Et que tout le clan des Reeds s'apprête à sortir de leur réserve était un événement sans précédent. Etait-ce à dessein qu'ils y avaient été poussés ? Dans quel but ultime ? Les hypothèses étaient nombreuses tout autant que les instigateurs probables.

- La disparition d'Holly a dû un être un choc, pour vous comme pour Chad...

Paul ne pouvait trop s'imaginer l'impact de la perte d'un enfant. Il repensa à ce qu'avaient dû endurer ses propres parents à l'annonce de la mort présumée de leur fils. Contrairement à ses amis massacrés, son corps n'avait pas été retrouvé. C'était pour sûr un supplice supplémentaire de pleurer la mort d'un enfant sans avoir pu retrouver son corps. La disparition de la jeune Alicia avait aussi été un choc pour sa mère. Et ça, il avait pu s'en rendre partiellement compte. Ce choc l'avait-elle aveuglé au point qu'elle ait complètement oublié la rencontre avec Paul voilà de longues années ? Sa fille rentrée et elle apaisée, Elise se rappellerait-elle de ses jeunes années près de ce lac ?
Si Paul était fils unique, Holly avait un frère. Ce dernier était parti en mission également. Le frère protecteur, plus prompt de par l'impétuosité de sa jeunesse à réclamer vengeance. Où était-il allé ? Parti en quête de renseignements ou pour en découdre ?
La guerre était à leur porte. Les Reeds étaient prêts. L'ampleur des combats dépendra sûrement du choix de l'adversaire, si c'était le bon...

Paul avait ses feuilles. Quelques heures de repos et reprendrait route. L'issue de son enquête influera-t-elle ou non sur la suite des événements ? Il n'en était guère sûr. Peut être que tout était déjà écrit et qu'il ne pourrait en rien changer le futur. En son futur à lui ? Si on l'appelait à combattre, rejoindrait-il le clan des Reeds ? Quelle était sa place dans tout cela ? La nuit lui apporterait des réponses, ou pas.

Il s'installa dans une petite chambre au mobilier rudimentaire et ferma à double tour le gros verrou : il pouvait arriver de temps en temps qu'un lycan soit pris d'un accès de démence et se mette à détruire tout ce qui se trouvait à portée de main. Une porte solide et bien fermée pouvait limiter les dégâts à la seule pièce.

Au petit matin, baluchon sur l'épaule, il se tartina de beurre 2 tranches de pain grillé et attrapa une pomme qu'il glissa dans une poche. Il jeta un oeil dans la pièce principale si James ou Holly était là pour leur faire ses adieux et les remercier pour leur hospitalité. Puis il prit le chemin du retour vers la ville. Pas question de revenir à sa location dans l'immédiat. Il avait sûrement la police sur le dos. C'était pourtant auprès de l'un d'eux qu'il devait aller.

Paul s'arrêta au 1er snack qui proposait du wifi, se commanda un petit encas et alluma son pc pour consulter l'annuaire local. Le premier Ray Charles qu'il contacta par téléphone commença par l'engueuler en croyant avoir encore affaire à un plaisantin qui voulait jouer avec son nom. En tout cas, celui là n'était pas de la police et il continua à parcourir les autres résultats. Si la personne qu'il recherchait était sur liste rouge, il se verrait contraint d'appeler le commissariat central. Quand bien même ce Ray Charles serait à la retraite, ils auraient gardé un numéro de contact. Paul prétexterait être journaliste et vouloir écrire sur une ancienne affaire pour l'obtenir. Il avait un petit baratin tout prêt qui avait déjà fait ses preuves.